Nouvelle Gare-Routière de Bittar : rnUne autre poudrière en retardement

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    Le petit lifting fait sur le mur de clôture du cimetière peut certes calmer les esprits, retarder les échéances, mais ne suffit pas à contenir l’immense étendue d’eau qui se forme en amont de la succession de courbe qui obstruant le passage de l’eau
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    rnEn dépit de multiples cris de cœur des autorités coutumières et des sages de Sogoniko, ainsi que les récurrentes manifestations de colère de la gent juvénile du même quartier, la nouvelle gare routière du tout puissant Jeamille Bittar, doublement Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali et du Conseil économique et Sociale et Culturel, sera bientôt ouverte au public
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    rnDe l’Avenue de l’Union Africaine, les usagers ne peuvent s’empêcher d’admirer la prouesse des ouvriers et les patrons de l’entreprise chinoise adjudicatrice du marché, qui sont à pied d’œuvre pour mettre la main sur les derniers travaux de finition du site. Il ne reste plus qu’à passer un coup de pinceau sur les murs et une couche de goudron pour vêtir l’immense cours de noir et d’aménager les espaces verts devant orner la façade de la gare. Le mur de clôture donnant dos au cimetière et qui avait reçu la visite des jeunes en colère s’est redressé.
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    rnLa nouvelle gare est vraiment un joyau architectural. Nul doute qu’à la fin des travaux, elle va imprimer à Sogoniko et par delà toute la commune VI, un nouveau visage et offrir à la jeunesse de la commune un nouveau pôle des affaires. Cependant, au-delà de cette importance socio-économique et esthétique, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Cette gare est érigée sur un espace qui tranche avec la réglementation domaniale.
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    rnIl ressort de notre enquête que ce site, au terme des articles 7 et 8 du Code domanial et foncier, appartient au domaine public naturel, qui comprend les sites naturels déterminés par la loi. Le Code retient ainsi:  l’espace aérien;  les cours d’eau navigables ou flottables dans les limites déterminées par la hauteur des eaux coulant à pleins bords avant de déborder; ainsi qu’une zone de passage de 25 m de large à partir de ces limites sur chaque rive et sur les bords des îles ; les sources et cours d’eau non navigables ni flottables dans les limites déterminées par la hauteur des eaux coulant à pleins bords avant de déborder; les lacs et étangs dans les limites déterminées par le niveau des plus hautes eaux avant débordement, avec une zone de passage de 25 m de large à partir de ces limites sur chaque rive extérieure et sur chacun des bords des îles; les nappes d’eau souterraines, quelles que soient leur provenance, leur nature et leur profondeur.
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    rnLa même loi de préciser dans son article 9 que les riverains des cours d’eau non navigables ni flottables sont soumis à une servitude de passage sur une zone de dix mètres de large sur chaque rive. Elle poursuit dans son article 10 en ses termes : «les terrains et bâtiments des propriétés privées sont soumis à toutes les servitudes de passage, de survol, d’implantation, d’appui et de circulation nécessitées par : l’aménagement des conduites d’eau et des conduites d’égouts ;  les voies de communication et leurs dispositifs de protection; l’établissement, l’entretien et l’exploitation des réseaux de télécommunication, y compris leurs supports, ancrages et dépendances, classés dans le domaine public; l’établissement, l’entretien et l’exploitation des réseaux d’énergie électrique ou de force hydraulique classés dans le domaine public ; l’implantation des bornes et repères topographiques; l’exploitation des ports fluviaux et de leurs dépendances;  l’exploitation des aménagements aéroportuaires». Le même article prévoit de mode de règlement en cas de conflit. Il dit ceci: «en cas de doute ou de contestation sur les limites du domaine public ou l’étendue des servitudes établies en vertu du  présent article, il est statué par décision du ministre chargé des Domaines, sauf recours devant le tribunal administratif compétent». L’article 11 et 12 d’ajouter que toutes les propriétés privées urbaines et rurales sont en outre susceptibles d’être assujetties aux servitudes d’hygiène, d’esthétique, d’alignement, de sécurité publique et aux servitudes qui peuvent être imposées par un schéma ou plan d’aménagement et d’extension. Et, l’article 12 d’ajouter qu’aucune indemnité n’est due aux propriétaires en raison des servitudes établies dans les articles 9, 10 et 11.
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    rnBittar viole les lois de la République
    rnAu regard de tout ce qui précède, Bittar est-il en conformité avec la loi ? Jugez-en. Mais, un adage bambara dit «la blancheur convient mieux au mouton qu’à la chèvre ». La violation des textes et lois du pays sied mieux à un citoyen lambda que lui. Jeamille Bittar, aujourd’hui Président d’une Institution de la République. Et, si les Institutions se permettent d’ignorer la loi, alors que restera t-il de notre Etat de droit ? Pas besoin d’être juge pour faire-marche arrière, chaque fois qu’on se rend compte que son acte peut poser des dommages chez son concitoyen, on doit reculer.
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    rnComment Bittar a donc accédé à cette propriété ? Comme d’habitude, c’est toujours le nom d’un maire qui est à ces genres de forfaiture. Selon, nos sources, il l’aurait eu grâce à la complicité de l’actuel édile de la Commune VI, le Maire Solomane Dagnon, selon les témoignages recueillis sur le terrain.
    rnA l’origine, c’était une petite portion située en face de l’Avenue de L’UA. Au finish, il s’est approprié tout l’espace, jusque dans le lit du marigot : c’est la bande longeant le littoral du marigot. A regarder de près, cette partie est située dans le lit majeur même du cours d’eau (voire notre photo), comme décrit dans la loi. Là où la loi prévoit 25 mètre de large. Selon nos sources, l’attribution ne se serait pas effectuée dans les règles de l’art. C’est-à-dire que la réalisation dépasse les limites préalablement convenues avec le conseil communal, seul organe de décision en la matière. C’est pour cette raison, qu’un élu RPM, Baba Sanou, ancien édile de la même commune, s’était fortement opposé au projet aux côtés des jeunes et des notabilités du quartier. Mais ses efforts ont été vains. Aux dernières nouvelles, le gouverneur Fèfè Koné a convoqué une réunion de conciliation dans ses locaux destinée à rapprocher les positions antinomiques. La rencontre a regroupée tous les protagonistes de la crise, y compris des mouvements de jeunes. Au cours de cette réunion, qui n’était certainement que la poudre aux yeux des adversai
    res du projet, Jeamille Bittar s’est engagé à relever le niveau du mur de clôture du cimetière où les cadavres flottent pendant la saison pluvieuse. Comme dans tous les pays de non droit, les riches ne font surfer sur la misère des gens en leur proposant des strapontins. Et, malheureusement, c’est ce qui serait passé. Dans le dos de la majorité, certains négociateurs auraient obtenu de Bittar des engagements fermes sur  l’acquisition des magasins soit à leur profit personnel, soit celui de leur progéniture. Mais, c’est mal connaître Jeamil Bittar, qui n’est qu’un capitaliste. Il n’a de considération pour personne que lorsque tu représente un intérêt pour lui. Une fois, ses problèmes réglés, tu peux aller au diable. Il se fiche de toi.
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    rn L’affaire sur le terrain politique
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    rnSelon certaines indiscrétions, le Président du PDES, Hamed Diane Séméga, aurait sulfuré que l’opposition des populations de Sogoniko s’expliquerait plus par la coloration politique de Jeamile Bittar. Sinon de son point de vue, la réalité des faits est disproportionnée par rapport au degré d’émotion qui entoure ce dossier. Pour lui, l’opposition de Sanou, n’est que purement politique. Mais, ce que notre ministre a semble t-il oublié, c’est que Sanou a été maire avant Dagnon. C’est parce qu’il sait que la cession d’un tel espace est non seulement contraire à la loi, mais c’est aussi une source de tension inutile qu’on se crée.
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    rnMais, venant de sa part, une telle analyse partisane ne surprend guère. Car, depuis l’élection du Président Amadou Toumani Touré à la tête de notre pays en 2002, le Mali s’est installé dans l’impunité la plus criarde; la spéculation; le trafic d’influence; le népotisme et le favoritisme. Est-il besoin de signaler que les nouveaux riches de la trame de Bittar n’ont plus d’égard pour les autres. Sinon comment, un seul homme peut s’opposer à tout un quartier, s’il n’est pas adossé à plus fort que lui.
    rnFaut-il rappeler que l’envahissement du cimetière par les eaux constitue la principale revendication des populations de Sogoniko. Et, le relèvement du niveau du mur du cimetière n’y peut rien. Au contraire, il ne fait que retarder les échéances d’un affrontement somme toute prévisible et évitable si l’on se donne le minimum de temps d’écouter avec intérêt, les populations. A moins que cette gare ne lui sert d’instrument de blanchiment d’argent. Car, le nouveau président qui viendra après ATT, s’il veut mettre de l’ordre dans le pays, il sera obligé de démolir cette gare. Force doit rester à la Loi.
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    rnEn réalité, le problème est que le passage de l’eau est non seulement étroit, mais il est obstrué par une succession de courbes freinant l’écoulement normal de l’eau. En conséquence, le volume d’eau concentré en amont va forcement se gonfler exactement comme un lac de retenu d’eau d’un barrage. Naturellement, cette masse d’eau amoncelée va forcement inonder toute l’étendue de terre située en amont. La seule solution, il faut libérer le passage de l’eau. Evidemment, le mal ne concerne pas que Jeamille Bittar seul. Tous les occupants de l’autre rive du marigot doivent être évacués. Il revient à Fèfè Koné de prendre ses responsabilités.
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    rnSeydou KOUYATE
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